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 L’histoire du Radeau de la Méduse…

Un chef d’œuvre de la peinture romantique pour dénoncer un fait de société qui ébranla l'opinion publique.

La frégate française fait naufrage le 2 juillet 1816 au large des côtes de l’actuelle Mauritanie, causant la mort de 160 personnes. Pour échapper à un sort funeste, l’équipage se réfugie sur un radeau de fortune en bois. Mais le désordre y est indescriptible et les rescapés vivent d'innommables horreurs : noyades, bagarres, cannibalisme ou encore tentative de sabordage… Ce désastre est le reflet d'une époque que Géricault va dénoncer dans ce qui deviendra un chef d’œuvre de la peinture romantique.

LE TABLEAU 

Si la présentation du tableau de Géricault au Salon de 1819 ne suscite ni l’adhésion artistique ni le scandale politique espérés par son auteur et ses proches opposés au régime, la vie de cette œuvre hors norme est loin d’être achevée. 

Très rapidement, elle éveille en effet l’intérêt en Angleterre. Le témoignage de Corréard et Savigny y a été traduit et publié au printemps 1818 et, fin 1819, William Bullock, un galeriste et homme d’affaires londonien, propose à Géricault de présenter sa toile au sein de son Egyptian Hall, à Piccadilly. L’exposition connaît un succès aussi bien critique que populaire qui conduit à l’organisation d’une tournée du tableau dans toute l’Angleterre. 

De retour en France, la toile rejoint l’atelier de Géricault où les proches et les amateurs d’art peuvent demander à la voir. Alexandre Dumas fait ainsi partie des visiteurs chanceux. 

Après le décès de Géricault, la toile est achetée par Dedreux-Dorcy qui la cède ensuite à la Couronne. Elle rejoint alors le Louvre, où elle fait partie depuis des toiles les plus emblématiques du musée, malgré l’assombrissement de ses couleurs dû aux multiples couches de vernis jaunies apposées au fil du temps. 

BATEAU ET RADEAU 

Loin de Paris, bien plus au sud, au large du Sénégal, la frégate La Méduse, a tenu bon dans une ultime ironie tragique. Elle est retrouvée le 17 août 1816, près d’un mois et demi après son évacuation, par le lieutenant Reynaud qui y récupère même trois survivants. L’année qui suit, elle est visitée et pillée par de nombreux particuliers français et anglais désireux d’en ramener des pièces et des trophées.

Un siècle et demi plus tard, en 1980, son « squelette » est exhumé par une mission scientifique menée par Jean-Yves Blot, qui en localise l’emplacement exact. 

Depuis 2014 enfin, à l’initiative du musée de la Marine de Rochefort, une reconstitution du radeau à l’échelle (vingt mètres sur douze) a été réalisée d’après les plans connus, et sous l’expertise de charpentiers de marine et de menuisiers. Construite dans le cadre du tournage du film documentaire de Herlé Jouon, La Véritable histoire du radeau de la Méduse, elle, est présentée dans la cour du musée, témoignage immersif de ce que fut cette « terrible machine ». 

La maquette, grandeur nature, du radeau dans la cours
de La Corderie Royale de Rochefort (© J.-S. Bordas, 2017)
Les Naufragés de La Méduse

Jean-Sébastien Bordas, Jean-Christophe Deveney

Les Naufragés de La Méduse

Le récit croisé d’un naufrage et d’un chef d’œuvre de la peinture…